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lundi 8 avril 2013

André Masson

André Masson et Georges Bataille
 De tous les camarades de promotion qu’eût Georges Bataille, André Masson est très certainement le plus important du point de vue de sa biographie. Ils entrèrent à l’école des Chartes la même année, et partagèrent, la première année, une chambre dans une maison à l’angle de la rue Bonaparte et de la place Saint-Sulpice. Il régna très certainement dans cette chambre une grande émulation puisque à l’issue de cette première année, Bataille sera premier dans l’ordre du mérite et Masson second. Important aussi parce que c’est André Masson qui en 1964 rédigera la notice nécrologique de Georges Bataille dans la revue de l’école des Chartes, article important par les informations qu’il nous donne sur le Georges Bataille de cette époque, sur ses lectures, ses goûts, sa manière de travailler, son caractère.
C’est aussi par cette notice que l’on prit connaissance du texte de jeunesse de Bataille, Notre-Dame de Rheims. André Masson fut certainement le seul de son entourage à l’époque à le lire (Bataille par la suite n’en parlera absolument plus) et montre, au-delà de leur amitié et de la proximité et confiance mutuelle qui liait les deux chartistes, leur intérêt commun pour les édifices religieux : la thèse d’André Masson était consacrée à l’abbaye de Saint-Ouen, à l’ombre de laquelle il prépara son entrée à l’école des Chartes et connut ses « premières joies de bibliophile » ; du côté de Bataille, outre cette plaquette parue en 1918, il faut noter la visite rendue à Quarr Abbey en 1920 et sa participation deux ans plus tard, au cours de son séjour en Espagne, à des recherches et des observations autour de la cathédrale de Séville.

 

Après l’école des Chartes

 Après avoir présenté sa thèse, L’église abbatiale Saint-Ouen de Rouen, étude archéologique, il s’occupe de la bibliothèque de Rouen, mais pressent qu’il s’y ennuiera : « D'avoir comblé tous mes rêves trop tôt et sans effort me fit prendre conscience un beau jour que j'étais sur le point de m'ennuyer dans mon paradis rouennais. Un quart de siècle avait passé depuis ma naissance ; le second et le troisième quart s'écouleraient presqu'identiques ; je me voyais condamné à creuser un sillon monotone jusqu'à la fin de mes jours » avouera-t-il.
C’est alors que s’offre à lui l’opportunité de voir autre chose, d’élargir son horizon. Son prédécesseur à la bibliothèque de Rouen l’invite en effet à venir travailler en Indochine. Il part donc s’occuper de la bibliothèque de Hanoï et des archives gouvernementales en Indochine. Ce qui lui permettra d’écrire et de publier plusieurs ouvrages à partir des documents qu’il y découvre, et mettra sur pied la section historique de l’Indochine à l’exposition coloniale de 1931.
Sa carrière connaîtra après cela un autre tournant, à la faveur d’un pur hasard. En 1934, en congé à Paris, André Masson se rend chez un de ses amis, mais se trompant d’étage, il frappe à la porte de Pol Neveux, écrivain et inspecteur général des bibliothèques. Ce dernier, croyant cette visite motivée par un désir de revenir en France, offrira à Masson un poste de bibliothécaire en chef à la bibliothèque municipale de Bordeaux.
En février 1939, Masson achète au nom de la bibliothèque de Bordeaux les manuscrits de Montesquieu lors de leur vente à l’hôtel Drouot, et consacrera dès lors toute une partie de son activité à l’œuvre du philosophe, dont il entreprendra la publication : le Spicilège en 1944, des extraits des Pensées en 1941 sous le titre Cahiers, plusieurs centaines de lettres et, de 1950 à 1955, il dirigera l’édition des œuvres complètes.
A côté de ces travaux d’édition, élu à l’académie des belles lettres, sciences et arts, il donnera des cours de paléographie à la Faculté des lettres, participera au Congrès national des sociétés savantes ainsi qu’au congrès de la société française d’archéologie, tous deux tenus à Bordeaux en 1939. Il deviendra à la libération inspecteur général des bibliothèques et directeur de la maison de l’Indochine à la cité universitaire de Paris. Dès 1950 il reprendra et dirigera la publication du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques, collaborera à la collection « Que sais-je ? » : Les Bibliothèques, L’Allégorie, et publiera des ouvrages sur le décor des anciennes bibliothèques françaises, Le décor des bibliothèques du Moyen-âge à la Révolution (Genève, 1972), qui sera traduit en anglais en 1981.
Ayant pris sa retraite, il s’installe à Pau et y montre la même intense activité et le même goût de l’histoire : il devient président de la Société des amis du château de Pau, est membre de l’Académie du Béarn, organisera deux importantes expositions : « Trésors des bibliothèques béarnaises », en 1975, et « Pau ville anglaise : du Romantisme à la Belle Époque », en 1978.
Il eût, en marge de toutes ces activités, l’intuition qu’il fallait ouvrir les bibliothèques à tous les types de lecteurs, afin de mieux promouvoir la culture, et voulut très tôt ouvrir une bibliothèque pour enfant, projet que la guerre empêcha. Ce n’est qu’à la libération qu’il put faire ouvrir la première annexe de quartier.

Oeuvre

Thèse
_L'Abbaye de Saint-Ouen de Rouen., 1930
Indochine
_Hanoï pendant la période héroïque (1873-1888)., 1929
_″
Iconographie″ historique de l'Indochine française. Documents sur l'histoire de l'intervention française en Indochine,, 1931
_
Correspondance politique du commandant Rivière au Tonkin (avril 1882-mai 1883), publiée avec une introduction et des notes par André Masson., 1933
Bibliothèques
_Les trésors des Bibliothèques de France. A propos du 2e Centenaire de la Fondation de la Bibliothèque de Bordeaux ("Le "Tite-Live" de Bordeaux et l'atelier du "Maître aux boqueteaux") 1936_L'Art du livre de la Restauration au Second Empire, 1815-1852, 1938
_
La Bibliothèque du Chapitre de Noyon et l'Evangéliaire de Morienval, 1956_Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, bibliothèque Spoelberch de Lovenjoul, 1960_Les bibliothèques, PUF (« que sais-je ? »), 1961_Le décor des bibliothèques, 1972_La Bibliothèque de Bordeaux, sa fondation et son histoire avant 1789, (année ?)
Montesquieu
_Montesquieu. Cahiers, 1941
_
Un Carnet Inédit, Le Spicilège, introduction et notes de André Masson, 1944
_
Oeuvres complètes de Montesquieu, André Masson (dir.), 1950-1955_Montesquieu chez ses notaires de La Brède, J.M. Eylaud (avant-propos), 1956
Autres
_L'Allégorie, PUF (« que sais-je ? »)1974_Pau, ville anglaise, 1978_Henri de Vaufreland et ses amis du Cercle anglais, Revue de Pau et du Béarn No. 7, 1979_Henri IV et Montaigne, Bulletin de la Société des Amis du Château de Pau, n°81, 1982, p. 139-140._Le Pau Hunt Hier et Aujourd'hui, Editions du Hédas, 1984


Sources


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